Dans un appartement oublié au cœur d’une ville, un jeune homme passait ses soirées à préparer son équipement.
Depuis un an, il économisait chaque geste, ajustait chaque outil, et travaillait sur la pièce maîtresse qui devait marquer le début de son épopée : un chapeau de cuir.
Ce n’était pas son premier essai pour comprendre comment durcir du cuir. Bien au contraire : celui posé sur la table était déjà son cinquième.
Le tout premier avait révélé un défaut gênant : le pourtour, trop souple, tremblait à chaque pas. Les suivants s’étaient perdus dans d’autres erreurs, dont certaines qu’il préférait oublier.
Mais il se souvenait très bien du dernier : en voulant accélérer le séchage avec un fer à repasser, il avait brûlé le cuir. Des plaques noires s’étaient formées sur le pourtour, rendant la pièce inutilisable.
Alors, cette fois-ci, il avait décidé de changer d’approche. Sur la table, il avait découpé les différentes formes qui, une fois assemblées, deviendraient son couvre-chef.
Seule exception : le trou du centre du pourtour. Il savait désormais qu’un cuir mouillé change de dimensions, et tailler ce passage trop tôt risquait de fausser toutes les mesures.
Le pourtour reposait là, découpé, mais encore souple. Impossible d’entamer la route avec un bord qui se plie et vacille. Il choisit donc la méthode la plus simple, celle qu’il avait mise au point à force d’essais et d’erreurs.
Le trempage dans l’eau froide.
Une bassine en fut donc remplie, assez pour submerger la pièce de cuir de 3 à 4 mm d’épaisseur, tannage végétal. Le cuir fut plongé, et de petites bulles remontèrent lentement à la surface, signe que l’eau pénétrait ses fibres. Il resta au fond une bonne heure, le temps d’assouplir chaque partie.
Le séchage de la pièce
À l’heure dite, il récupéra la pièce, l’essuya avec un chiffon usé, puis l’étala sur une grande serviette posée sur la table de cuisine.
Des poids improvisés – bouteilles d’eau, livres lourds, sac d’outils – vinrent maintenir le pourtour en place. Il laissa sécher ainsi plusieurs jours, parfois trois, parfois sept selon l’humidité de la saison.
En séchant, le cuir gagna la fermeté d’une planche mince, rendant le pourtour presque rigide.
Nourrir pour durcir le cuir
Pour aller plus loin, il appliqua une teinture à base d’huile qu’il laissa sécher un jour entier.
Mais il savait que le cuir, encore vivant, réagissait à ce traitement : les extrémités avaient tendance à se relever légèrement, comme si la pièce refusait de rester bien à plat.
Alors, une fois la teinte appliquée et légèrement sèche en surface, il reposa ses poids – bouteilles, livres et outils – afin de maintenir la forme voulue jusqu’au séchage complet.
Le lendemain, il étala un mélange d’une part de cire d’abeille et deux parts de saindoux. Il laissa sécher une nuit. Le Lendemain, il prit un vieux morceau de coton et se mit à polir la pièce de cuir avec énergie.
La friction fit chauffer la cire sur le cuir, qui en fut nourri, protégé et durci. Le tremblement du bord n’avait pas disparu complètement, mais il était devenu si léger qu’on l’oubliait en marchant.
👉 En clair, la méthode tenait en cinq étapes : tremper le cuir, le laisser sécher sous des poids, le teindre, puis l’enduire de cire et le polir.
Quelques jours plus tard, une nuit, sur son balcon, à la lumière d’une lanterne, le jeune homme contempla son chapeau en devenir. Ce n’était pas encore l’heure du départ, mais une étape venait d’être franchie.
Note de l’artisan
Comme vous l’avez lu, il ne vous faut pas grand-chose pour apprendre à durcir du cuir. La méthode est longue, mais simple. Hormis la cire et la peau elle-même, tout le reste s’improvise facilement.
Bien sûr, quand j’ai parlé de poids, cela dépend fortement sous quelle forme vous voulez laisser le cuir sécher, pour ma part, je voulais une pièce plate pour un style de chapeau presque boléro.
D’où l’usage des poids, car le cuir étant une matière vivante, si vous le mouillez, il va garder en mémoire la forme dans lequel il est.
Ça peut paraitre bizarre dit comme ça, mais c’est ce que j’ai aperçu.
👉 Pour vos propres essais, je propose dans mon échoppe des pièces de cuir épaisses, en trois tailles différentes.
Certaines conviennent parfaitement pour reproduire les modèles à cartouche utilisés à l’époque du Far West ou encore durant la Première Guerre mondiale.
Tandis que les formats plus grands peuvent servir à réaliser des chapeaux haut-de-forme ou même à reproduire des pièces d’armure médiévale.
Vous avez maintenant une piste pour savoir comment durcir du cuir, les possibilités sont presque infinies puisqu’une fois mouillé vous casser temporairement la forme de la fibre pour lui donner la forme que vous voulez.
